Comment aider et se faire aider efficacement dans son travail ? Entre les “envahisseurs” qui cherchent à imposer une aide non sollicitée et les “inspecteurs de travaux finis” qui apportent au dernier moment une pseudo aide non constructive, demander ou proposer de l’aide n’est pas toujours aisé.
Autonome n’est pas indépendant
Nous avons appris à l’école à nous débrouiller seul·e·s, et à peu demander d’aide. J’ai le souvenir que je ne levais la main que pour donner la bonne réponse, et surtout pas pour demander que l’enseignant·e réexplique ce que je n’avais pas compris. Dans mon souvenir, j’ai bien dû essayer une fois ou deux et j’ai obtenu la réponse “c’est normal que tu n’aies pas compris, tu n’écoutais pas”.
Toujours à l’école, je me souviens d’avoir fait quelques travaux de groupe, mais pas d’avoir appris comment collaborer efficacement au sein d’un groupe.
En entreprise, j’ai rapidement constaté que solliciter de l’aide et en proposer était un comportement plutôt normal, qui n’empêche en rien d’être autonome dans son travail.
Pourquoi demander de l’aide ? A qui ? Et comment ?
Savoir bien s’entourer et s’appuyer sur son réseau est, à mon avis, une force. Quand j’ai besoin d’aide, je me pose d’abord 3 questions :
- Que vais-je y gagner ?
- Quel rôle vais-je faire jouer la personne qui m’aide ?
- Qui peut jouer ce rôle ?
Ensuite, je sollicite mon interlocuteur en précisant :
- Le rôle que je lui attribue ponctuellement (voir ci-dessous)
- Mon attente précise
- Le contexte et le bénéfice que j’en retirerai
- Le bénéfice qu’il·elle en tirera (au besoin “à charge de revanche !)
Attribuer un rôle n’est pas juger la personne ni ses compétences
Un rôle est associé à chaque situation. Il s’agit bien de rôle ponctuel. En effet, il m’est arrivé de solliciter une personne dont je reconnais les compétences d’expert pour un rôle d’exécutant, ou encore de solliciter un client interne pour un rôle de pair.
J’ai identifié 6 types de situation où il est efficace – ou indispensable – de demander de l’aide. Il en existe sans doute d’autres.
Je ne sais pas faire : je sollicite un expert
Rares sont ceux qui savent tout faire dans leur entreprise. En tous cas, ce n’est pas mon cas. J’ai parfois besoin de solliciter de façon ponctuelle une personne que je reconnais pour son expertise.
- Je formule une demande claire (contenu, délai, responsabilité, finalité, …)
- J’y gagne de la qualité de réalisation
- Je gagne du temps si je sous-traite ou j’apprends si je co-réalise
J’ai besoin de prendre du recul : je sollicite un pair
Lorsque l’enjeu est important, une relecture à tête reposée ne me suffit pas toujours. Lorsque je crains de manquer d’objectivité, de me sentir juge et partie, j’ai besoin d’un avis neutre. Je sollicite un pair qui connaît le sujet que je lui amène.
- Je formule une demande simple (relecture, avis, conseil, …) et je reste ouverte au feedback qui me sera fait
- J’y gagne de la qualité de réalisation et de la sécurité
- Je consolide ou j’enrichis mon expertise
J’ai besoin de tester, challenger : je sollicite un avatar
Le travail que je fais est le plus souvent destiné à quelqu’un d’autre in fine. Et c’est pas mal de savoir ce que ce quelqu’un d’autre en pense !
- Je formule une demande simple, généralement je sollicite une réaction à chaud
- Je reste ouverte au feedback
- J’y gagne en qualité, en confirmant de la pertinence de ce que j’ai fait
J’ai besoin d’aller plus vite : je délègue à une personne autonome
Travailler à plusieurs permet souvent d’aller plus vite en répartissant la charge de travail. Je délègue à une personne en qui j’ai confiance, qui travaillera à sa manière. J’accepte que le travail ne sera pas fait exactement comme je l’aurais fait moi-même.
Je suis dans le même cas si j’ai besoin de gérer mes priorités parce que “tout tombe en même temps”. La personne autonome que je sollicite peut être un pair ou un expert, ou quelqu’un à qui je reconnais la compétence de faire la tâche à ma place.
- Je formule une délégation claire et cadrée
- J’y gagne du temps
- Je peux y gagner en qualité et en apprentissage
Je ne souhaite pas faire : je sous-traite
Si j’ai besoin de me concentrer sur ce qui est urgent et important, je sous-traite ce sur quoi j’estime que j’ai peu de valeur ajoutée.
- Je formule une demande simple et directive
- Je libère du temps et je me libère l’esprit
- Je peux avoir un gain indirect en termes de coût
- Je peux y gagner ou y perdre en qualité, je le sais et je l’accepte
J’ai besoin de réduire le risque : je sollicite backup
Mon backup sera généralement un pair qui prend le relais en cas d’imprévu, au besoin au pied levé et au besoin en “service minimum”
- Je formule une délégation claire
- J’y gagne en sérénité
- En assurant la continuité de service, j’y gagne de la qualité de service rendu
- J’y gagne généralement du temps et du coût global
Et comment proposer son aide ?
Vous auriez voulu aider mais vous n’êtes sollicité pour aucune rôle ? vous voudriez en faire plus ? Imposer son aide risque de déclencher un jeu psychologique (voir Triangle de Karpman) : jouer le rôle du sauveur sera complètement contre-productif.
Pour proposer son aide à bon escient, je vous propose quelques clés du Triangle Compassionnel afin de rester dans une relation équilibrée où chacun est gagnant.
- Proposer son support, ses services se tenir à disposition
- Assurer l’autre de son soutien, être solidaire
- Etre tout simplement sympathique
A chacun de trouver celle qui lui convient. J’approfondirai le sujet dans un prochain article.
Pour aller plus loin : coaching, gérer un projet complexe, décider dans l’incertitude, se former aux outils de Karpman
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Références . Triangle de Karpman, Triangle compassionnel